Banc Hagabi des Ifugaos
Ifugao's Hagabi bench
Philippines
Tradition et histoire
"...Il existe une classe d'aristocrates, les kandangayan, possédant suffisament de champs pour avoir un surplus de riz, des carabao et , autrefois des esclaves. Au-dessous, les natumok ne possèdent pas suffisament de terres et doivent emprunter à des taux très élevés le riz des kandangayan. Les membres des familles endettées étaient autrefois vendus comme esclave dans les plaines.
Le symbole du statut du kandangayan est un grand banc en bois massif devant sa maison. Si un natumok s'enrichit jusqu'á atteindre le niveau social supérieur, il se fait construire un de ces bancs qui est installé chez lui au cours de grandes fêtes.
Les Ifugao sont un peuple de guerriers : les disputes à l'intérieur de chaque groupe local sont généralement règlées par des négociations, mais peuvent donner lieu à des meurtres qui signent le début de longues vendettas. Plus les liens de sang sont faibles plus facilement les Ifugao ont recours à des expéditions punitives culminant par une chasse de têtes. Dans le temps les départs pour les territoires ennemis de bandes de plusieurs dizaines de coupeurs de têtes avaient lieu épisodiquement permettant aux hommes d'exhiber leur courage et d'augmenter leur statut social."
(in "Le guide des Philippines"librairie Jade,rue de Stassart 1050 Ixelles)
Pour pouvoir considérer un Ifugao comme faisant partie de la classe supérieure (kadangyan) il doit organiser et payer pour une cérémonie qui se composera de plusieurs semaines de danses et festins nocturnes avec, en final, un certain nombre de jours de où l'on boira et mangera. Ensuite, après avoir établi son droit ainsi que celui de sa famille à ce titre, il doit valider ce droit en donnant un autre festin appelé Hagabi, qui est le même terme que celui d'un large banc qui est l'ultime symbole du rang kadangyan. La forme du hagabi apparaît sur les manches de cuiller et sur les cercueils et il ressemble plus ou moins aux boîtes de bijou, des boîtes de prêtres, et aux segments sculptés des étagères décorées que l'on trouve chez les familles riches. Les deux têtes stylisées gravées sur chaque extrémité du banc sont appelées ngiwit et représentent la tête d'un cochon, mais Baguilat (1955:108) déclare qu'une précédente version du banc était appelée « Guinulgulding », qui veut dire « comme une chèvre » parce que les deux extrémités du banc ressemblent à une tête de chèvre.
Hagabi sont seulement sculptés dans le sud de Ifugao, dans la région du Kiangan-Lagawe, où ils sont mis dans la cour prêt de la maison des propriétaires. La sculpture et l'installation d'un hagabi représentent une dépense et une énergie considérables. Avant de pouvoir commencer les sculptures les prêtres déterminent si les présages sont bons. Si c'est le cas, les sculpteurs sont envoyés en forêt pour sélectionner un large arbre narra ou ipil pour y graver l'hagabi. Ce travail prend beaucoup de temps. Malgré qu'ils ne sont pas payés pour leur travail, les travailleurs sont généreusement fournis en boisson et nourriture jusqu'à la fin de leur travail. Bien souvent, l'arbre sélectionné se trouve loin du domicile du propriétaire et le transfert de l'hagabil'hagabi du lieu de sculpture jusqu'à son domicile peut être très difficile. Un grand nombre de porteurs doivent être là à cause de sa taille et de son poids, mais tout cela se fait dans la joie et la bonne humeur grâce à de généreux approvisionnements en vin et nourriture à chaque arrêt tout au long du chemin. A destination, trois jours de célébration se passent en mangeant, buvant et en dansant pour marquer l'arrivée et l'installation de l'hagabi à la maison.
La richesse et le prestige d'Ifugao se voient largement dans l'acquisition de biens immobiliers, surtout les champs de riz. Les fêtes d'hagabi se tiennent généralement à un moment où le riz se fait rare, par ex., avant la récolte, une période où bon nombre des membres de la communauté sont à court de nourriture. Les cérémonies prestigieuses de ce genre renforcent, non seulement, le statut de l'hôte, mais donne l'opportunité de disperser la nourriture qui fait cruellement défaut.
Stone Hagabi, War Shrine (Kiangan, Ifugao)
In the foreground is a stone hagabi that was commissioned to be made by Owen C. Tomlinson, Ifugao’s first American military governor who served from 1911 until 1915, for the inauguration of the then sub-province's administrative building. In the background is a war memorial patterned after a traditional Ifugao house and built in 1974 to commemorate the end of World War II in the Philippines.